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LE STRESS POST-TRAUMATIQUE

Le fonctionnement neurobiologique lors d’un traumatisme

 

Lors d’un traumatisme, le cerveau, pour y faire face, réorganise sa manière de fonctionner. C’est la raison pour laquelle beaucoup de victimes disent avoir eu l’impression de sortir de leur corps, ou d’assister à l’agression de manière extérieure, comme un témoin. Pour des raisons que l’on va tenter d’expliquer, le cerveau disjoncte, ce qui entraîne une anesthésie physique et émotionnelle : c’est la dissociation péri-traumatique.[1]

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Pour faire face à cette situation de stress et peur intense, le cerveau modifie son fonctionnement. Ainsi, le cortex cérébral, qui modère ou arrête la réponse émotionnelle, est en panne.

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L’amygdale, recevant des informations des sens et jouant un rôle dans la réponse et la mémoire émotionnelle, mais aussi dans la réponse à l’expression des réponses émotionnelles, est elle hyperactive. Elle sécrète les hormones de stress et est liée à l’hippocampe mais aussi l'hypothalamus, impliqué lui dans la réaction au stress. L’amygdale a par ailleurs un rôle dans notre réaction à la peur. En raison de son hyperactivité après un traumatisme, elle est en partie responsable des sursauts ou de l’hyper vigilance qu’une victime peut développer. Il y a court-circuit : l’amygdale est isolée, hyperactive et a lieu une disjonction de la réponse émotionnelle avec la libération de différents neuromédiateurs tels que l’endorphine. Ce court-circuit a lieu afin de protéger les fonctions vitales (cœur et cerveau) face à une situation de stress intense.

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L’hippocampe est une structure centrale dans le traitement des souvenirs, la mémoire, l’orientation dans le temps et l’espace et l’estime de soi. L’hippocampe, chez une personne souffrant d’un traumatisme, est plus petit que la moyenne. La mémoire émotionnelle du traumatisme reste bloquée dans l’amygdale hyperactive et n’est donc pas traitée par l’hippocampe, comme peut l’être un simple souvenir. La mémoire traumatique, non traitée, reste alors très sensible, pouvant être réactivée à n’importe quel stimulus. Cette réponse émotionnelle, que l’hippocampe est dans l’incapacité de comprendre car n’ayant pas traité l’information, fait l’objet de signaux contradictoires pour le cerveau : l’amygdale envoie au cortex des informations émotionnelles liées aux traumatismes tandis que l’hippocampe n’y voit que des situations banales. Cela explique notamment les reviviscences, appelées « flashback », mais aussi la déréalisation, la dépersonnalisation, l’hyper vigilance… Le non-traitement de ce traumatisme en raison du court-circuit du cerveau est responsable aussi de l’amnésie traumatique que rencontrent certaines victimes.[2]

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[1] : Mediapart - Mémoire traumatique et conduites dissociantes

[2] : Traumapsy - Ce qui se passe dans notre cerveau quand confronté à une grande peur

Les conséquences de ce fonctionnement neurobiologique particulier

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La première conséquence peut être l’amnésie traumatique. Comme mentionné précédemment, l’information et les émotions liées au traumatisme ne sont pas traitées normalement, tout reste donc bloqué dans l’amygdale. Ce fonctionnement, bien qu’impératif pour protéger la personne, peut entraîner un oubli total ou partiel de l’évènement traumatique, qui peut réapparaître des mois voire des années plus tard sous forme de reviviscences ou en raison de stimuli rappelant le traumatisme.

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La deuxième conséquence, faisant l’objet de cet article, est le stress post-traumatique ou PTSD (Post Traumatic Stress Disorder). Souvent mentionné s’agissant des militaires américains, il s’agit cependant d’un état pouvant affecter toute personne, témoin ou victime, d’une situation faisant courir un danger imminent et/ou l’exposant à la mort. C’est le cas des personnes victimes d’un évènement climatique violent (tempête, ouragan…), des personnes victimes d’un accident, d’un vol à main armé, d’un accident de la route, d’actes de terrorisme, mais aussi des personnes victimes de violences sexuelles.

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En raison du fonctionnement spécial du cerveau précédemment évoqué, de nombreux symptômes vont apparaître. L’on parle de stress post-traumatique lorsque ces symptômes durent plus d’un mois et altèrent de manière significative la vie sociale, affective et professionnelle de la personne. On peut les ranger en quatre catégories, même si la liste n’est pas exhaustive.

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Tout d’abord, les reviviscences. Il peut s’agir de souvenirs répétitifs et envahissants du traumatisme, de cauchemars, de flashback, ou encore de réactions physiques et psychiques face à des stimuli rappelant l’évènement traumatique.

Ensuite, l’évitement : évitement des souvenirs, pensées et sentiments liés au traumatisme, mais aussi évitement des éléments pouvant le rappeler (odeurs, situations, lieux, personnes…).

On trouve par ailleurs des altérations cognitives et émotionnelles. Il s’agit notamment d’une amnésie totale ou partielle de l’évènement traumatique, d’une altération significative et négative de l’estime de soi et de la vision du monde, d’une tendance à culpabiliser, de la persistance d’émotions négatives fortes telles que la peur, la colère ou la honte, d’une diminution de l’intérêt pour les activités qui nous passionnaient avant le traumatisme, d’un sentiment de détachement des autres, et d’une restriction des émotions positives.

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Enfin, le système nerveux est hyperactif, ce qui entraîne de nombreuses conséquences : irritabilité, comportement imprudent ou autodestructeur, hyper vigilance et sursauts, difficultés de concentration et de sommeil…

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Le stress post-traumatique peut varier dans son intensité et dans sa fréquence. On parle ainsi de stress post-traumatique aigu lorsque les symptômes persistent moins de trois mois, de stress post-traumatique chronique lorsqu’ils persistent trois mois ou plus, et de stress post-traumatique différé lorsque les symptômes apparaissent au moins six mois après l’évènement traumatique. Cela dépend de la gravité du traumatisme mais aussi du fonctionnement cérébral et psychologique de chacun.

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Cependant, plusieurs thérapies existent afin de traiter le stress post-traumatique. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont par exemple de très bons résultats en la matière, tout comme l’EMDR et l’hypnose. Face à certains symptômes particulièrement handicapants, la consultation d’un psychiatre et la prise d’anxiolytiques, d’antidépresseurs ou de somnifères peut être nécessaire.

 

Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter via notre formulaire de contact ou à appeler ou vous rendre à la Clinique Fontan Adultes du CHRU de Lille, proposant des consultations en psychotraumatisme[3]. Nous pourrons aussi vous conseiller des professionnels et, si vous le désirez, vous accompagner dans cette démarche. En cas d’urgence ou de besoin impératif de parler, de consulter ou d’être orienté(e), rendez-vous ou contactez le Centre Psychiatrique d’Accueil et d’Admissions Ilôt Psy.

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[3] : Traumapsy - Centre Hospitalier Régional

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Retrouvez une liste de ces interlocuteurs ainsi que leurs coordonnées sur notre site.

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